
D’après des informations transmises par le Service de la Protection des végétaux de Tonneins (ville du département du Lot-et-Garonne, région d’Aquitaine-), l’introduction en France est sans doute plus ancienne : selon un producteur de bonzaïs de la région, le Frelon asiatique aurait pu être introduit accidentellement avec les cartons de poteries chinoises qu’il importait régulièrement depuis plusieurs années.
Présentation du frelon asiatique

Le frelon asiatique (Vespa velutina) est originaire d’Asie du Sud-est : Inde, péninsule indochinoise, Chine et les îles de Java, de Lombok et de Hong-Kong. Il a été signalé pour la première fois en Corée en 2006 sans que l’on sache si l’espèce a été introduite ou si elle est arrivée naturellement dans ce pays.
Il existe 7 sous-espèces et 6 variétés, dont la variété nigrithorax décrite en 1905 par Du Buysson (Carpenter & Kojima, 1997) de Darjdiling (Inde). Naturellement acclimatée à un milieu subtropical, cette sous-espèce a été introduite en France (probablement en 2004). On la rencontre en Indonésie dans les forêts d’altitude, en Asie continentale jusqu’au nord de l’Inde et dans les montagnes de Chine, zones géographiques où le climat est comparable à celui du sud de la France, ce qui explique qu’aient été possibles son installation et la colonisation de nouveaux territoires en Europe.
Identification du frelon asiatique
Le frelon asiatique ou Vespa velutina nigrithorax possède un thorax entièrement brun-noir velouté aux segments abdominaux bruns, bordés d’une fine bande jaune. Seul le quatrième segment de l’abdomen est presque entièrement jaune orangé. Les pattes brunes sont jaunes à l’extrémité. La tête est noire et la face jaune orangé. Ce frelon est donc impossible à confondre avec l’unique espèce européenne, le frelon d’Europe ou Vespa crabro, au corps taché de roux, de noir et de jaune et à l’abdomen jaune rayé de noir, supérieur en taille également.
La nidification du frelon asiatique
Le nid ne constitue pas à lui seul un critère d’identification fiable. Certaines caractéristiques doivent alerter l’observateur :
- il est souvent installé à la cîme d’un arbre, parfois sous un abri aéré
- sa taille est conséquente : entre 40 et 80 cm de diamètre
- Le nid possède une entrée unique

Il est généralement de forme sphérique et possède un orifice de sortie latéral. Chaque nid abrite environ 2000 frelons asiatiques, dont 150 fondatrices qui peuvent, l’année suivante, nidifier lorsqu’elles sont fécondées.
Un nid de 1 mètre de diamètre peut donc contenir entre 1500 et 2000 frelons. Il est fortement déconseillé de s’approcher des nids à moins de 5 mètres et de tenter de les détruire sans protection et sans avoir pris l’avis de spécialistes.
Dangerosité du frelon asiatique
Depuis le 26 décembre 2012, le frelon asiatique est classé dans la liste des organismes nuisibles comme danger sanitaire de deuxième catégorie pour l’abeille et soumis à des mesures de lutte obligatoire. Vous pouvez consulter ici l’Arrêté du 26 décembre 2012 relatif au classement dans la liste des dangers sanitaires du frelon asiatique.
Article 1 ELI: https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2012/12/26/AGRG1240147A/jo/article_1 Le frelon asiatique Vespa velutina nigrithorax est classé dans la liste des dangers sanitaires de deuxième catégorie pour l'abeille domestique Apis mellifera sur tout le territoire français.
Le frelon asiatique n’est pas plus dangereux et agressif envers l’homme que tout autre hyménoptère (guêpe, abeille,…), tant qu’on ne s’approche pas de son nid ou qu’on ne le dérange pas. Il est rappelé toutefois que lors de piqûres d’hyménoptères le risque d’allergie grave, voire mortelle, est possible. Le venin du frelon asiatique est identique à celui du frelon européen et de celui de la guêpe. La piqûre du frelon asiatique n’est donc pas plus dangereuse qu’une piqûre d’une guêpe.
Le frelon asiatique est peu ou pas agressif envers l’Homme lorsqu’il est rencontré solitairement. Les frelons asiatiques attaquent en masse pour assurer leur protection dès qu’ils se sentent en danger. Se rapprocher à une distance de moins de 5 mètres d’un nid provoquera une attaque violente et brutale de la colonie. Sensible aux vibrations, ces dernières provoquent une réaction que l’on peut qualifier de « pluie de grêles » de frelons.
Les frelons asiatiques peuvent poursuivre leur agresseur jusqu’à 500 mètres.
Un fléau pour l’apiculture : le frelon asiatique
Témoignage : "A partir de juillet/août, les colonies sont plus populeuses et, lorsqu’elles ont trouvé un rucher, s’attaquent d’abord aux ruches les + faibles. Au fur et à mesure de l’avancement dans la saison, les frelons sont de + en + présents devant les ruches. Les abeilles conscientes du problème, sortent de moins en moins (se focalisant d’avantage sur la défense de la ruche) les apports en nectar et pollen diminuent et la préparation de l’hivernage est de mauvaise qualité. Souvent les colonies ont du mal à passer l’hiver." René AMINOT, secteur de Parthenay, Deux-Sèvres.
Biologie
Le cycle du frelon asiatique Vespa velutina nigrithorax est annuel et ressemble beaucoup à celui de son cousin frelon européen « Vespa crabro ».
Activité, comportement
Vespa velutina est une espèce diurne qui, contrairement au frelon d’Europe, interrompt toute activité à la tombée de la nuit. C’est un prédateur avéré d’autres hyménoptères sociaux, notamment des abeilles et des guêpes communes mais, comme Vespa crabro, il consomme aussi une grande variété d’autres insectes et d’araignées.
Nutrition
Comme les autres frelons, Vespa velutina est un prédateur généraliste qui s’attaque à une très grande variété de proies. Outre les abeilles, il s’attaque aux insectes de très nombreux ordres et notamment aux guêpes, mouches, papillons ainsi qu’aux araignées (Muller et al., 2009 ; Rome et al., 2011b ; Muller et al., 2013). Il prélève aussi de la viande sur des cadavres de vertébrés ou sur les poissons et crevettes exposés aux étals des marchés. Les boulettes de proies servent à nourrir les larves. Les adultes ne se nourrissent que de liquides sucrés (miellat, nectar, miel…) et du liquide riche en protéines que régurgitent les larves lorsqu’ils les sollicitent (Janet, 1903 ; Matsuura & Yamane, 1990). Les ouvrières transportent ces liquides dans leur jabot pour nourrir par trophallaxie la reine, les autres ouvrières, les mâles et les futures fondatrices restées dans le nid. À l’automne, ils mangent aussi la chair des fruits mûrs, pommes, prunes, raisins…
Reproduction
C’est en automne (octobre à novembre) que les femelles reproductrices de la nouvelle génération quittent le nid en compagnie des mâles pour s’accoupler ; elles sont les seules à hiverner tandis que les mâles, les dernières larves et les ouvrières meurent. Au printemps (mars à juin), chaque reine fondatrice ébauche un nouveau nid, pond quelques œufs et soigne ses premières larves qui deviendront, un mois à un mois et demi plus tard – selon la température -, des ouvrières adultes capables de prendre en charge la construction du nid et l’entretien de la colonie. La reine consacrera alors le reste de sa vie à pondre. Avec l’apparition des ouvrières, l’activité de la colonie s’intensifie considérablement et la taille du nid augmente pour atteindre son maximum au début de l’automne (Rome et al., 2013b ; Rome et al., 2015).
Comme chez tous les autres hyménoptères, les descendants femelles sont issus d’œufs fécondés et les mâles d’œufs non fécondés. La colonie n’est composée que d’ouvrières (femelles stériles) jusqu’à ce que la nouvelle génération de sexués mâles et femelles se développe au début de l’automne. La vieille reine meurt peu de temps avant l’essaimage des sexués. Le reste de la colonie dépérit et meurt au cours de l’hiver. Quelques rares nids peuvent demeurer actifs en décembre. Les nids vides ne sont jamais réutilisés mais on y trouve parfois au début du printemps quelques femelles sexuées tardives qui sont restées bloquées par l’arrivée du froid. Elles sont incapables de fonder une colonie car elles n’ont pas été fécondées et ont souvent des ailes atrophiées.
Les nids apparaissent en moyenne cinq fois plus populeux que ceux du Frelon d’Europe. Les plus grands peuvent produire plus de 13 000 individus au cours de la saison (d’avril à novembre) et peuvent contenir à l’automne près de 2 000 ouvrières qui élèvent au moins 500 futures fondatrices, mais probablement plus d’un millier, et autant de mâles (Rome et al., 2015).
Les femelles fécondées hivernent isolément ou par groupes de deux ou trois dans la litière ou les troncs pourris ; certaines reprennent leur activité dès le mois de février. Les jeunes nids, de la taille d’une orange, sont installés à partir du mois de mars, sur le rebord d’un toit, dans divers abris ou des ruchettes vides. Ils comptent une dizaine de cellules entourées d’une fine coupole de papier puis d’une enveloppe sphérique. Les premières ouvrières émergent au cours du mois de mai. 70 % des colonies déménagent, dans le courant du mois d’août, lorsque le nid primaire est placé trop près du sol ou dans un endroit confiné ; la colonie s’installe alors dans un nouveau nid construit par les ouvrières souvent à plus de 10 m dans un arbre (Rome et al., 2015).
Cycles
Une reine fonde sa colonie au printemps. Des premiers œufs naissent des femelles qui seront les ouvrières. Elles vont progressivement permettre à la reine de se consacrer uniquement à la ponte. A la fin de l’été, commence la production des premiers mâles et des futures reines. Le nid peut alors abriter plusieurs milliers d’individus : on estime ce chiffre à plus de 10 000 pour les plus grosses colonies. À titre de comparaison, un nid de frelons d’Europe abrite quelques centaines d’individus.
Les reines fécondées quittent leur nid au début de l’hiver, et vont individuellement rechercher une cachette dans l’attente du printemps suivant. Lorsque la température diurne permet le vol, les reines hivernantes sortent de leur cachette (tas de bois, abris dans le sol), et cherchent des sources d’eau et de nourriture. On peut ainsi en observer voler en Aquitaine durant les beaux jours de février.
Vespa velutina est actif de mars à novembre-décembre selon les conditions climatiques. Durant cette période, la population est la plus élevée. Le nombre d’ouvrières augmente alors pour assurer l’alimentation, l’entretien et la protection de la colonie.
Les besoins de la colonie pourraient être résumés en quatre grandes catégories :
- Nourrir le couvain, ce qui est principalement assuré par une alimentation protéique, d’où la prédation sur les abeilles.
- Fournir l’énergie aux adultes pour les différents travaux, dont la chasse des proies : les ouvrières chasseuses peuvent voler de longues distances et ont donc besoin de beaucoup d’énergie pour le vol.
- Trouver de l’eau : le nid est construit en cellulose végétale malaxée avec de l’eau, et les besoins en eau sont probablement très importants.
- Entretenir le nid, le consolider au fur et à mesure de sa croissance et assurer son bon état sanitaire. C’est probablement ce qui explique l’observation de frelons recherchant systématiquement certains végétaux. On peut s’attendre par exemple à des analogies avec l’abeille pour qui la fabrication de propolis (à base d’exsudats de bourgeons et en particulier de peuplier, de merisier, de marronnier) représente une activité importante. Nous savons, par de récents travaux menés dans notre unité, qu’un nid en captivité privé d’alimentation en proies et en substances végétales périclite assez rapidement.
Pourquoi lutter contre le frelon asiatique ?
Des enjeux sanitaires, économiques et environnementaux.
- Un risque pour la santé publique : la piqûre du frelon asiatique peut être mortelle.
- Un risque pour l’apiculture : destruction des ruches.
- Un risque pour la pollinisation.
Comment lutter contre le frelon asiatique ?
- En localisant les foyers et en connaissant la progression de l’espèce sur le territoire.
- En destruisant les nids identifiés.
- En capturant les fondatrices en début de printemps et en automne.
- En protégeant les élevages apicoles et en préservant la pérennité des ruchers.
Que faire après la détection du frelon asiatique ?
- J’appelle la F.D.G.D.O.N.* de mon département
- La F.D.G.D.O.N. procède à l’identification de l’espèce
- La F.D.G.D.O.N. organise la destruction du nid
* F.D.G.D.O.N. : Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles.
Liste des F.D.G.D.O.N. de la région Poitou-Charente :
- Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles de la Charente ou F.D.G.D.O.N. 16 :
- M Benoit LAUBERTON, téléphone : 06 30 64 78 84, courriel : fdgdon16@fredonpc.fr
- Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles de la Charente-Maritime ou F.D.G.D.O.N. 17 :
- M Ghislain AUDUSSEAU, téléphones : 05 49 77 16 55 ou 05 49 73 65 17, courriel : fdgdon@orange.fr
- M Pascal FADAT, téléphone : 05 49 77 16 55, portable : 06 08 47 09 65, courriel : fdgdon@orange.fr
- M Christophe SUIRE, téléphone : 05 46 77 16 55, portable : 06 71 72 61 58, fax : 05 49 75 69 89, courriel : fdgdon@orange.fr
- Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles des Deux-Sèvres ou F.D.G.D.O.N. 79 :
- M Ghislain AUDUSSEAU, téléphones : 05 49 77 16 55 ou 05 49 73 65 17, courriel : fdgdon@orange.fr
- M Pascal FADAT, téléphone : 05 49 77 16 55, portable : 06 08 47 09 65, courriel : fdgdon@orange.fr
- M Christophe SUIRE, téléphone : 05 46 77 16 55, portable : 06 71 72 61 58, fax : 05 49 75 69 89, courriel : fdgdon@orange.fr
- Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles de la Vienne ou F.D.G.D.O.N. 86 :
- M Jean-Pierre CHARLES, téléphone : 05 49 62 98 40, portable : 06 79 73 80 58, courriel : fdgdon86@fredonpc.fr
Progression de l’invasion du frelon asiatique en France
